Quelque chose de la nature, Pascal Thévenet, 2010
Les photographies de Marine Lanier montrent quelque chose de la nature. Plutôt quelque chose du vivant qui pointe, qui s’accroche pour ne pas disparaître. Géologie, flore et humanité tentent de trouver un point d’équilibre pour cohabiter. Le rapport de force est constant. Un arbuste croît sur une marne, un feu consume des branchages, des pas s’impriment dans la cendre. Et un visage se couvre de suie.
A travers les photographies de la série L’Ubac, Marine Lanier découvre un mouvement incessant entre minéral et végétal, avec pour intercesseur l’humain, ou son prolongement : l’outil. L’angle choisi par la jeune photographe n’est pas tant de montrer la supposée omnipotence de l’homme sur son environnement. Comme en témoigne la série sur les usages et paysages viticoles dans la Drôme, résultat d’une commande passée par la Conservation départementale du patrimoine, la nature est transformée patiemment, par étapes lentes.
Contrecarrant le cliché du travail de la vigne, Marine Lanier va au plus près de son sujet au point que le raisin se dissout en une matière organique et sombre, que son jus circule dans des artères translucides, que l’exploitant se couvre de traces de coagulation. Marine Lanier n’est pas la première à faire l’analogie entre le vin et le sang. Mais elle réactive cette image en gardant en tête la phrase de Jean Giono : "il ne sentait pas le vin, il sentait la boue, la lie des cuves."
Pour rendre compte du travail de la vigne comme pour témoigner du suspens de la vie, Marine Lanier raccourcit la distance focale comme si elle ne voulait plus faire de la prise de vue mais une capture du réel.
Pascal Thévenet, juin 2010, chargé des expositions, Châteaux de la Drôme